Le jeu dramatique, improviser.

La méthode est d’accentuer les mouvements, les gestes, l’action, d’encourager l’association libre par l’action libre du jeu dramatique. En somme faire fond sur la spontanéité, faire confiance à notre for intérieur, à ce que l’on considère trop comme des balbutiements de sentiments et d’idées, qui nous feraient rougir ou mal nous juger. C’est exactement l’invitation du psychanalyste, à associer librement, à dire tout ce qui « nous passe par la tête », sans trier, sans fard. Mais, comme nous aimons le rappeler à la Sept : la carte forcée dans le psychodrame c’est le jeu, dans la cure analytique c’est le signifiant verbal. En psychodrame, comme Lila avec le Docteur Verazio, le patient, les participants d’une scène, se déplacent ; et le meneur de jeu circule. Sur le divan analytique, seule la parole a cours ; l’analysant est allongé, la motricité active est suspendue, - çà ne le coupe pas de tous les ressentis possibles, au contraire, qui lui « parlent » - si l’on ose dire - de l’intérieur.
 
La spontanéité, l’ouverture à ce qui vient du monde et ce qui vient de soi, c’est le crédo morénien. Et quand on dit « ouverture », ce n’est pas qu’un vœu, une intention :
 
« Moreno a tout d’abord appliqué sa « théorie dynamique des rôles » dans les pièces de Stegreif (i.e. : d’improvisation) et les discussions de groupe où il encourageait les sujets de tous âges et d’occupations diverses dont le niveau de conscience était peu ou pas développé, ou maîtrisé (enfants et prostituées de Vienne), à exprimer spontanément leurs difficultés et leurs problèmes psychologiques. Au cours de la première guerre mondiale, il introduisit cette méthode de représentation spontanée des traumatismes psychiques dans un camp de réfugié à proximité de Vienne. »3 
 
Goethe semble avoir vécu dans ce même siècle, avec le même enthousiasme. Dans « Les Années d’Apprentissage », tome deux, chapitre neuf de l’édition allemande, nous rapporte Diener,  il montre combien il s’intéressait au théâtre impromptu, (il est même prosélyte !) :
« On devrait introduire la spontanéité dans tous les théâtres. L’ensemble (la troupe) doit être régulièrement entrainée à cette façon de jouer. Il serait bénéfique pour le public de voir jouer une fois par mois une pièce non écrite. »    
 
Gottfried Diener décrit de façon puissante et claire la fonction du thérapeute - cela compte d’avoir connu Moreno : « Le thérapeute doit essayer de pénétrer la grammaire de (la) logique imaginaire (du patient), afin de pouvoir parler la même langue que (lui) dans son psychodrame, et l’entourer sur la scène de personnages de son monde intérieur, grâce à des ego auxiliaires »4 . Lila, elle-même, joue le rôle principal comme protagoniste.
Tout ce qui se joue sort de son imagination, de ce qu’elle a raconté elle-même des évènements qu’elle a vécus réellement ou hallucinés.